La dynamique des langues créoles dans l’espace plurilingue de l’océan Indien : réflexions écolinguistiques

Daniel VERONIQUE (Président du C.I.E.C., Université d’Aix-Marseille)

A la suite des travaux de S. Mufwene sur l’écologie des langues (Mufwene 2001, 2005, 2008), je souhaiterais aborder la dynamique des langues créoles dans l’espace des Mascareignes (Maurice, Réunion, Rodrigues) et des Seychelles. Je ne souhaite pas reprendre le débat historique et génétique sur les liens entre le créole de Bourbon, celui de l’Ile de France et des Seychelles, possessions françaises jusqu’au début du 19e siècle. Cependant, le fait même de l’existence d’une polémique en ce domaine à propos du « bourbonnais » ou du « Créole de l’Ile de France » comme protolangues, est riche d’enseignements divers (Véronique 2014). Il est plus intéressant sans doute pour comprendre la dynamique contemporaine dans et entre les différentes formations sociales contemporaines de l’océan Indien (Maurice, Rodrigues, Réunion et Seychelles), de rappeler a) l’attrition des langues serviles (Afrique de l’Ouest, Afrique de l’Est, L’Inde) au long du 18e siècle ; la présence du malgache à Maurice et à La Réunion au 19e siècle – Larsson (2009) a pu parler de cette partie de l’océan Indien comme d’une mer malgache. b) l’arrivée renforcée des langues de l’Inde, dans le cadre de l’engagisme, et des dialectes chinois de la fin du 19e siècle.

Dans cette intervention, je tenterai de commenter trois dimensions écolinguistiques de la dynamique des langues créoles dans les trois formations sociales concernées :

  • l’institution des langues créoles – l’aménagement du statut des créoles dans les formations sociales de l’océan Indien ;
  • la grammatisation de ces langues et leur présence dans les systèmes éducatifs ;
  • les contacts des créoles et d’autres langues dans des environnements plurilingues.

J’essaierai de dégager ce que l’examen de ces faits apporte à une écolinguistique créole.