Apprentissage et construction du langage oral en classe de grande section à l'école maternelle réunionnaise

Jasmine LATCHIMY DIJOUX (Professeur certifié de Lettres, doctorante LCF, Université de La Réunion – Institut de l'illettrisme)

Dans le cadre de la prévention de l'échec scolaire, perçu comme la principale source d'alimentation du fléau de l'illettrisme, nous nous interrogeons sur la langue des élèves réunionnais, leur construction du langage oral en situation d'appren­tissage de la langue française. Nous cherchons ainsi à cerner les préalables langa­giers indispensables à l'entrée dans l'écrit en contexte linguistique réunionnais.

Sur le terrain de l'école, la rencontre entre la langue de la famille (le créole) et la langue de scolarisation (le français) pose la question de la transmission et de ce fait celle de l'appropriation. Dans cette perspective, l'analyse des productions orales collectées donne les premiers éléments du phénomène de re-construction en œuvre dans l'apprentissage d'une langue seconde chez de très jeunes élèves. Ces résultats fournissent le socle d'une didactique de l'oral propre au milieu créolo-francophone.

Notre étude s'appuie sur la mise en œuvre d'un dispositif intitulé Dire, lire, calculer en grande section créolophone à l'école maternelle à La Réunion : logiques, spatialité et numération (2012-2014). Ce dernier concernait 14 classes réparties sur 4 cironscriptions rassemblant des élèves présentant des fragilités langagières. Une première collecte de données est issue du test diagnostique 1, (TD1), de pré-lecture d'images illustratives. L'activité proposée est la dénomination d'entités et d'actions présentée à partir de documents visuels fixes.

Le point de vue théorique adopté privilégie une approche fonctionnelle. C'est à partir de la fonction de représentation rebaptisée référentielle par R. Jakobson que nous cherchons à décrire la langue des élèves inscrite dans une vision dynamique de situation de contact linguistique en pré-lecture de l'image. Ainsi, nous nous tournons vers des champs peu investigués d’une manière générale et non encore réalisés sur le terrain réunionnais à notre connaissance.

Nos conclusions tendent vers des retombées en didactique de l'oral dès la formation en langage. Elles font émerger « des points névralgiques » à circonscrire car susceptibles d'impacter les préalables langagiers à l'entrée dans l'écrit et de ce fait la lecture-compréhension au cœur des apprentissages.